La création d’entreprise est souvent perçue comme un parcours semé d’embûches, une aventure où les choix structuraux pèsent lourd sur l’avenir de la structure. Deux formes juridiques se présentent fréquemment aux entrepreneurs en France : la Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) et l’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL). J’ai eu l’occasion de créer et de gérer ces deux types de sociétés, ce qui m’a confronté à leurs spécificités, avantages et inconvénients respectifs.
SASU OU EURL ?
La SASU se caractérise par une grande flexibilité dans son organisation et sa gestion. La liberté statutaire y est presque totale, permettant à l’actionnaire unique – moi, dans le cas présent – d’établir les règles encadrant le fonctionnement de ma société. Cette latitude m’a permis d’adapter la structure de gouvernance à mes besoins spécifiques, notamment en définissant le rôle et les pouvoirs du président que j’ai désigné pour gérer l’entreprise au quotidien.
L’EURL, quant à elle, offre un cadre plus traditionnel et peut-être rassurant pour certains. Elle s’apparente à la SASU concernant la responsabilité limitée à l’apport, mais elle est régie par les dispositions du droit des sociétés relatives aux SARL. Cela impose une réglementation plus stricte, moins ouverte à la personnalisation. En revanche, cette rigueur peut être perçue comme un gage de sérieux et de pérennité pour les partenaires commerciaux et financiers.
Certaines différences sont particulièrement notables lorsqu’on aborde le régime social du dirigeant. Dans une SASU, le président est affilié au régime général de la Sécurité sociale comme un assimilé salarié. Cette position m’a offert une couverture sociale similaire à celle d’un employé classique mais avec une assiette de cotisations sociales sur rémunération souvent plus élevée que celle d’un gérant majoritaire d’EURL. Pour cette dernière forme juridique, le gérant relève du régime des travailleurs non-salariés (TNS), avec des cotisations initialement plus basses mais qui peuvent rapidement augmenter avec les bénéfices.
En termes fiscaux aussi, ces deux statuts divergent. L’EURL permet initialement une imposition sur le revenu (IR), ce qui s’avère avantageux pour les petites structures générant peu de bénéfices. Toutefois, il est possible d’opter pour l’imposition sur les sociétés (IS), offrant alors une taxation potentiellement plus favorable au fur et à mesure que les bénéfices augmentent. La SASU est automatiquement assujettie à l’IS, ce qui peut représenter un avantage significatif dès lors que la société envisage de réinvestir ses bénéfices plutôt que de distribuer des dividendes.
Mon avis ?
J’ai apprécié la souplesse qu’offre la SASU en matière de prise de décisions rapides et autonomes, sans avoir besoin de convoquer une assemblée générale pour chaque modification significative. Cependant, cette flexibilité a un coût : celui des formalités administratives légèrement plus complexes qu’en EURL ainsi que des frais liés à la rédaction des statuts personnalisés par un professionnel du droit si on ne possède pas soi-même les compétences juridiques nécessaires.
Dans mon expérience personnelle avec ces deux formes d’entreprise, j’ai également constaté que choisir entre SASU et EURL influence directement ma capacité à attirer des investisseurs ou des partenaires potentiels. La transformation d’une EURL en société pluripersonnelle (SARL) peut être envisagée mais reste moins flexible qu’une SAS qui peut facilement accueillir de nouveaux actionnaires sans bouleversements majeurs dans son fonctionnement interne.
Un autre élément décisif concerne la cession des parts sociales ou actions. Dans une EURL, la cession des parts nécessite l’accord des autres associés dans le cas où elle devient pluripersonnelle ou même parfois du conjoint du cédant selon le régime matrimonial. En revanche, dans une SASU convertie en SAS lorsqu’elle n’est plus unipersonnelle, les actions peuvent être transférées beaucoup plus librement, facilitant ainsi les opérations sur le capital social.
En conclusion,tout entrepreneur se doit d’évaluer précisément ses besoins actuels et futurs avant de trancher entre SASU et EURL. Chacune présente ses atouts et contraintes; il appartient donc au créateur d’entreprise de s’informer minutieusement afin de faire un choix éclairé qui servira au mieux sa vision entrepreneuriale sur le long terme.